Le temps des vœux

Déjà, janvier s’apprête à céder sa place à février… ne restent donc que quelques jours pour envoyer ses vœux !
Le temps défile ; comme le suggère ma première phrase. L’année 2011 nous a rejoint; espérant qu’elle ait démarré dans la joie pour vous tous, nous vous la souhaitons riche d’amour, de projets et de partage et agrémentée d’une santé de fer !
L’année commence en beauté, pour nous, avec ce bébé qui grandit bien au chaud et qui verra le jour fin mai ! Beaucoup de bonheur en perspective ! Cette année c’est aussi un plus fort enracinement dans nos missions et notre vie aux Philippines, la chance de recevoir des proches, et puis, juillet/août sera déjà le temps des « au revoir !» et les moments si émouvants des retrouvailles, du retour à la maison.
Nos vœux se dirigent aussi pour les Philippines. La liste est longue. Ces 17 mois de vie ici nous ont fait découvrir beaucoup sur ce pays morcelé et je réalise qu’on vous a confié trop peu de choses. Je vous propose donc de dessiner un portrait des Philippines ou plutôt de Manille. (Mes talents d’artiste sont limités mais je vais faire de mon mieux.)
Comme le dit la chanson « on choisit pas…les trottoirs de Manille, de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher… » (Maxime Le Forestier – « Etre né quelque part », 1987)… ils ne l’ont peut-être pas choisi mais ils sont, malgré tout, proches des 12 millions d’habitants à fouler les trottoirs de cette mégalopole d’Asie! Ils étaient 27 millions sur tout le pays en 1960 pour près de 100 millions aujourd’hui. Je vous épargne le calcul : le taux de croissance annuelle de la population est de 1,8% ! Quant au taux de fécondité, il s’élève à plus de 3 enfants par femme. Ca fait du monde, beaucoup de monde sur un archipel aux réalités économiques déjà difficiles. Désordonnée, extrême, contrastée ou incohérente, Manille est le parfait exemple d’une ville d’un pays du Sud, avec en bonus une pointe d’exagération. « Manille », joli nom avec lequel on ferait vite rimer « myrtille », « camomille » et autres douceurs, n’en n’est pas moins le contraire : agressive, violente et sombre. Cette vieille ville a pourtant connu une belle-époque, celle d’avant la guerre, d’avant la chamaillerie américano-japonaise où périrent 100 000 civils en 1945. « Intramuros » est ce vestige d’un temps d’abondance et de prospérité, quand quelques colons vivaient au rythme des calèches et des fontaines et où 1 Pesos égalait 1 Dollar. Me croirez-vous si je vous dis que les Philippines secondaient le Japon sur le plan de la richesse économique dans les années 50 ? Il est un passé, il est un présent.
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, les piétons se bousculent, se faufilent entre les gros 4x4 aux vitres teintées des quelques riches et les tricycles (=pousse-pousses) qui tentent de se garer.
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, des enfants édentés aux yeux voilés espèrent une pièce de ceux bien-habillés qui partent travailler dans les grandes tours de Makati (quartier des affaires).
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, on élève des murs pour cacher les villages de ceux qui sont venus espérer faire fortune à la ville mais qui, finalement, se couvrent d’une bâche pour dormir le soir.
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, on sort son arme pour trouver plus vite un cadeau pour les siens en période de Noël.
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, on propose de tout, de la drogue à son corps…
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, on balaie pour que ce soit bien propre et on jette les déchets dans la rivière voisine.
Aujourd’hui, sur les trottoirs de Manille, c’est pourtant beaucoup de sourires que l’on croise. Le plus petit, le plus pauvre de tous, le plus maltraité vous offrira son sourire.
Et demain ?
La liste est longue, je me répète… mais souhaitons à ce beau pays et à cette mégalopole asiatique de trouver plus de dignité, d’égalité pour que le sourire de ce peuple soit un vrai sourire de bonheur.